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Gabin GRAVIER
Gabin prépare son entrée
au GAEC de Pierre Longue

Pas évident, à 21 ans, de savoir ce que l’on fera dans dix ans... Mais pour Gabin Gravier, il n’y a pas de doute, la voie est tracée. Il sera agriculteur, comme son père, Jean-Michel, et comme son oncle, Pierre, les deux frères associés du GAEC de Pierre Longue, à Val-Cenis-Lanslebourg. Gabin fera son entrée officielle au GAEC au printemps prochain. Il n’y a rien de péremptoire dans cette annonce, c’est un dessein mûri depuis longtemps.

« Agriculteur est un beau métier. Que ceux qui veulent l’exercer se lancent ! Et je connais d’autres jeunes motivés ! »

Volontaire et enthousiaste, Gabin est également optimiste, pour lui-même et pour la profession. « Le métier est sans doute moins exposé en Haute Maurienne Vanoise, avec l’AOP Beaufort ! Tout le lait de nos vaches laitières est valorisé, idem pour celui de nos chèvres, avec lequel on fabrique des produits recherchés. C’est rassurant. » 

 

Aujourd’hui, la soixantaine de vaches laitières de races Tarine et Abondance du GAEC produit 250 000 litres de lait par an pour la Coopérative laitière de Haute Maurienne Vanoise, auxquels s’ajoutent 20 000 l pour la fabrication fermière de l’entreprise. Quant aux 120
chèvres de races Saanen, elles produisent 100 000 litres de lait par an, pour la fabrication de tomme, raclette, bleu, fromages lactiques et yaourts.

Bien inscrit dans les filières courtes, le GAEC de Pierre Longue anime deux points de vente directe, l’un à Lanslebourg, l’autre au Mont-Cenis (l’été). Il livre aussi ses produits à la coopérative de Lanslebourg, dans un supermarché à Modane-Fourneaux, dans un autre à
Saint-Jean-de-Maurienne, et jusqu’en Tarentaise, à Pralognan-la-Vanoise. L’été, d’autres commerces de produits régionaux les proposent à leurs clients.

 

L’exploitation à l’horizon 2030 : imaginer, prévoir, c’est gouverner...

 

Bien sûr il y aura des évolutions, et des adaptations, Gabin ne l’ignore pas. Lui qui sera seul aux commandes de Pierre Longue, quand son père et son oncle, aujourd’hui âgé de 57 ans, auront pris leur retraite, imagine réduire un peu la « voilure ». Une trentaine de vaches et 80 à 100 chèvres pourraient constituer un cheptel adapté dans le futur ? Mais il n’en est pas encore là, il projette plusieurs configurations possibles pour l’entreprise, à l’horizon 2030. Gouverner, c’est prévoir.

 

On le comprend vite, Gabin a le milieu dans la peau. « J’ai toujours été dedans ! » Cette petite phrase laconique lâchée lors de la visite de la chèvrerie résume tout. A 21 ans il a déjà passé tellement d’heures dans la ferme, au côté de Pierre et de Jean-Michel. Il a pu également apprendre le rudiment des métiers complémentaires et indispensables de l’exploitant, avant tout un technicien multifonctions : mécano à ses heures, plombier, électricien, maçon et bien sûr... éleveur, soignant, et qui aide au vêlage. Il semble avoir été le repreneur désigné et idéal pour Pierre Longue. Ses études ? Elles ont suivi cette ligne directrice, et ce rêve qui est aussi le sien de devenir chef d’entreprise, de poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs. Gabin a fait un Bac Pro Conduite et gestion de l’entreprise agricole (CGEA) au Lycée Reinach de La Motte-Servolex. Il a enquillé ensuite et en alternance sur un CS Lait à l’Ecole Nationale des Industries du Lait et des Viandes (ENILV) à La Roche-sur-Foron (74). Le Certificat de Spécialisation lait est une formation complémentaire qui lui a permis d’approfondir ses connaissances dans la conduite de l’élevage laitier. Dans la foulée, il a pu exercer ses compétences dans le cadre d’un contrat CDI avec la Coopérative laitière de Haute Maurienne Vanoise. Le terrain, il l’avait également connu en exploitation, lors d’un stage dans la ferme de vaches laitières de Grégory Burdin, à Termignon. 

 

Avant même d’avoir obtenu tous ses diplômes, Gabin avait initié son dossier d’installation, à l’automne dernier. Aujourd’hui, il élabore son plan d’investissement et le compte de résultat prévisionnel, étudie les possibilités de financement, de subventions. La paperasse, comme la plupart de ses collègues, Gabin n’en raffole pas, c’est un peu la « plaie » du métier, mais il faut l’intégrer à l’économie de l’exploitation, comme la gestion. C’est devenu aussi important que la conduite même des élevages !

 

On n’a pas retenu longtemps Gabin pour l’interview, il est vite retourné travailler au côté de Jean-Michel et Pierre. A la mi-octobre, les Saanen étaient déjà rentrées à la chèvrerie, et il faut chaque jour les nourrir, les abreuver, les bichonner. Quand il entre dans le parc, elles se pressent autour de lui. « De vrais pots de colle », plaisante Gabin. Avec les vaches, ça va faire du monde dans les étables et le stock de 350 tonnes de foin emmagasiné pour l’hiver y passera. « Il n’y en aura pas assez, on en fera venir quelques tonnes supplémentaires pour compléter », estime Gabin.

 

Et que fera-t-il cet hiver quand il y aura un poil moins d’activité ? Il sera fromager à la Coop ! Et quand il ne travaille pas ? Gabin aime retrouver les copains de son réseau de voitures anciennes, lui au volant de sa R5 turbo. « On fait des parcours, on va en Italie...» Et puis il skie, et il chasse.

Bruno Cilio

Terra Modana n°235

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